Histoire du Palais épiscopal d’Astorga
Le projet du Palais épiscopal d’Astorga date de 1887 sur l’initiative de l’évêque de la ville d’Astorga, Joan Grau i Vallespinós. Catalan d’origine, l’évêque contacta Antoni Gaudí pour la direction de l’œuvre et défendit avec véhémence le projet de son compatriote devant l’incompréhension et les problèmes budgétaires des organismes officiels.
La mort de Grau en 1893 impliqua le renoncement presque immédiat de l’architecte catalan, qui laissa le dernier étage et la toiture inachevés, terminés une décennie plus tard avec des moyens plus modestes par le Madrilène Ricardo Garcia Guereta. Gaudí était habitué à travailler très librement. Il concevait les projets de manière organique et avait pour habitude de modifier les plans à mesure que les travaux avançaient.
C’est la raison pour laquelle, la supervision de l’État qui l’obligea à présenter un projet achevé sans aucune évolution possible et les corrections académiques dictées par les conseillers du ministère, aucunement en accord avec son esprit créatif et innovateur, provoquèrent chez Gaudí un mal être insurmontable, aggravé par le retard du paiement de ses honoraires.
Malgré toutes ces circonstances et le fait que Gaudí dut compléter le premier projet avant même d’avoir visité Astorga, le palais est un véritable chef-d’œuvre ; l’organisation des espaces –l’artiste a conçu chaque étage comme une unité fluide et continue– le traitement de la lumière –qui mêle grandeur et recueillement– l’usage des symboles –il conçoit un palais à partir d’éléments de construction caractéristiques d’une église–, sont quelques-uns des composants qui font du Palais épiscopal, avec la cathédrale voisine, le monument le plus admiré d’Astorga.
Un extérieur d’influence gothique
Astorga, ville de 12 000 habitants, est la capitale d’un des diocèses les plus anciens et étendus d’Espagne et connut deux grandes époques de splendeur : l’Empire romain et le Moyen Âge.
Gaudí rendit hommage au passé médiéval de la ville en employant le style néogothique et combina dans le palais deux types de constructions évoquant le triomphe du christianisme lors de la Reconquête : le château avec ses douves, ses créneaux et ses tours et l’église constituée d’un plan en croix, d’une abside et d’arcs en ogive.
Il ajouta à cela des éléments de caractère laïc, tels que les terrasses et les miradors. Afin d’accentuer le symbolisme, Gaudí joua avec les échelles : il respecta la suprématie de la cathédrale mitoyenne mais rehaussa l’éclat du palais grâce à la prédominance du granit blanc et des lignes verticales.
L’intérieur du Palais épiscopal d’Astorga
Après sa première visite à Astorga, presque deux ans après avoir commencé le projet, Gaudí décida de créer un vaste noyau central autour duquel il agencerait toutes les pièces et qui générerait un grand foyer de lumière zénithale pour éclairer l’ensemble du palais. Les vitraux multicolores inspirés de la cathédrale de León créent une ambiance majestueuse et contemplative dont les effets sont particulièrement élégants dans le salon du trône et la chapelle, à l’étage principal, et dans l’ancien secrétariat du rez-de-chaussée.
L’assemblage d’éléments de construction –murs, piliers, colonnes et voûtes– et de matériaux –granite, brique, stuc, mosaïque, céramique et sgraffites– aident à conserver l’harmonie entre les pièces et démontrent la versatilité et les connaissances de l’artiste, capable de synthétiser un style original à partir de ressources diverses.
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