Histoire de la Casa Vicens
En 1878, Manuel Vicens i Montaner, agent de change, chargea Gaudí du projet d’une maison de vacances sur un terrain limitrophe à l’ouest avec la ville de Gràcia, autrefois commune indépendante qui se trouvait à un kilomètre et demi de Barcelone. À cette époque, de nombreuses familles bourgeoises s’installaient à Gràcia pour sa localisation idéale qui offrait la tranquillité même d’un village à proximité immédiate de la capitale.
Gaudí, qui venait d’obtenir son diplôme d’architecte cette même année, envisagea une structure simple. Mais, très vite, le volume complexe et la décoration bigarrée de la construction, avec notamment la présence prédominante de carreaux de faïence émaillée, devancèrent intuitivement les théories structurelles et ornementales du modernisme catalan.
Gaudí acheva son projet en 1880 mais les travaux ne se concrétisèrent que trois ans plus tard pour se terminer en 1888. En 1925, Antoni Jover Puig, propriétaire de la maison depuis 1899, proposa à Gaudí d’agrandir l’édifice pour en faire la première résidence de la famille Jover. L’artiste, absorbé par l’œuvre de la Sagrada Familia, refusa l’offre et recommanda son confrère Joan Baptista Serra de Martínez qui réalisa les travaux d’agrandissement dans le plus grand respect de l’œuvre originale de Gaudí.
Un projet éclectique et polychrome
Dans la Casa Vicens, la simplicité de construction contraste avec l’exubérance de la décoration. Structurellement, Gaudí répartit les charges sur trois murs parallèles et respecte les lignes droites pour les divisions internes.
Sur le plan formel, l’artiste surprend par l’éclectisme des ressources issues de diverses époques et provenances et par l’association des matériaux traditionnels et des arts décoratifs, caractéristique du modernisme qui apparaît déjà dans cette œuvre. Le choix des faïences polychromes et les géométries évoquent le style mauresque et la profusion de motifs naturalistes provient de l’art oriental.
Contraste de matériaux
Gaudí envisagea la Casa Vicens à partir d’un mélange de styles et de matériaux, conformément à l’une des tendances dominantes des dernières décennies du XIXe siècle, plus connue sous le nom d’éclectisme, concept qui préconisait la rupture avec l’académisme en vigueur et la récupération des styles médiévaux européens ainsi que d’autres formes artistiques plus exotiques, comme l’art oriental et mudéjar.
Pour le projet de la Casa Vicens de Barcelone, Gaudí puisa dans les influences mauresques et mudéjares –deux styles très enracinés dans la culture espagnole médiévale– et les reporta sur la façade principale à travers l’association de quatre matériaux très différents : la pierre pour les murs, les azulejos comme élément chromatique, le bois.
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